Translate

23 mars 2020

Togo: Fovi Katakou : Mon analyse pré et post-électorale. 22/03/2020,


LA LUMIÈRE LA PLUS VIVE VIENT DE L'OBSCURITÉ LA PLUS PROFONDE.

« Les grands édifices viennent d'un  chantier qui présente  une image chaotique à première vue. Mais par l'ordre, la rigueur, la discipline, la détermination, l'imagination et le travail...  les maçons donnent une forme aux édifices.  »

Le système électoral qui joue un rôle de régulation dans un pays est devenu au Togo un outils de pérennisation d'une dictature et de démobilisation chez les opprimés.

Depuis les années 1990 jusqu'aujourd'hui, les élections se succèdent mais n'offrent aucune chance d'alternance.

À chaque élection, la conviction que le problème togolais ne peut pas être résolu par les élections se renforce.

L'élection présidentielle du 22 février 2020 vient encore donner raison aux partisans de : «  l'élection n'est pas la solution » en se contentant d'une analyse simpliste.

Cette élection se révèle par des fraudes massives à travers des votes multiples et le bourrage d'urnes. La monarchie familiale Gnassingbé s'est fabriquée d'abord 72,36% et après elle a revu en baisse à 70,78% les chiffres fictifs de sa frauduleuse victoire aux élections présidentielles de février 2020.

Le candidat de la dynamique Kpodzro en la personne  de AGBEYOME KODJO fut attribué un pourcentage de 19% et à FABRE de l'ANC, 4%.
Ces résultats fabriqués attribuer aux forces démocratiques,  au lieu de provoquer une frustration générale pour donner une action partout et au même moment ; deviennent une source de division et de confusion non seulement au sein de l'opposition, mais aussi au sein de la population toute entière.

L'ANC le parti politique des forces de la liberté est dépassé largement par le candidat de la dynamique Kpodzro. Et comme d'habitude au lieu d'aller au delà des chiffres fabriqués de Gnassingbé Faure, les partisans de la dynamique Kpodzro et ceux de l'ANC s'affrontent sur les réseaux sociaux, les médias et laissent le système continuer ses magouilles tranquillement.

Nous savons tous que les chiffres ont été fabriqués. Il y a une évidence que tout le monde reconnait, même jusqu'au sein du clan Gnassingbé mais qui représente un secret de polichinelle, c'est la victoire du candidat de la dynamique Kpodzro à cette élection.

La question qui nous reste à nous poser est : Que nous inspire cette élection du 22 février 2020 ?

En écoutant les togolais dans les rues et quartiers ... les gens ne sont pas partis voter un parti politique de la liberté contre un autre. Ils n'ont pas voté pour sanctionner un parti politique ni un leader. Les togolais sont partis voter pour donner une chance à l'alternance pacifique de voir le jour au Togo.

Car il y avait une fausse thèse de la conscience collective qui est : « Si le  système refuse de partir c'est à cause de la personnalité de Fabre. Car Fabre est nationaliste et la France ne veut pas de lui . Si c'est une autre personne le système va accepter de partir. »

Avec les évènements qui ce sont passés au Sénégal, Burkina Faso certains par un raccourci d'analyse ont propagé dans la conscience collective ceci : « Une personne qui vient du système a plus la chance de nous offrir le changement. »

Ces personnes ont oublié que ces leaders issues du régime oppressif ont été choisi suite à tout un mouvement de protestation populaire. Et les dictatures par assassinats, la destruction des valeurs, l'exil forcé n'ont pas permis  à la société de produire de leader qu'il faut. Et ces peuples ce sont contentés des leaders mal nécessaire.

La dynamique Kpodzro en choisissant Agbeyome a surfer sur les  deux types de psychologies cités ci-dessus. Ainsi le discours était : « Agbeyome connait la maison. Il a un carnet d'adresses. La France va l'accepter. Il connaît l'armée togolaise. Le système ne peut pas voler Agbeyome  ».
Ce discours est mis sous une  forme religieuse à travers la personnalité de Mgr Kpodzro.

La conscience collective étant religieuse et le désir de l'alternance à travers une personne ayant fait le système existant, beaucoup de togolais sont allés porter leur choix sur Agbeyome pensant cette fois-ci donner une chance à l'alternance.

Ce sacrifice du peuple pour amener le clan Gnassingbé a accepté une alternance par une personne de leur système a été aussi refusé.

Après la proclamation des chiffres fabriqués, nous nous retrouvons dans la situation d'avant, où tout le monde reprochait au candidat de l'ANC d'être incapable d'apporter ou de réclamer la victoire.

Les combattants de la liberté doivent alors  faire une résistance pour prendre la  victoire.
Mais cette phase de résistance est ignorée par la dynamique Kpodzro. La dynamique a cru  au mythe d'Agbeyome et à la prophétie car dans leur démarche pour solliciter la voix des togolais, ils ont utilisé un registre de communication, de diabolisation, de dénigrement de l'ANC.

Un tel registre de communication nourrit les schémas psychologiques de programmation neurolinguistique comme :
- Mawo Ewo Ablodevi Agbagba Madje Madje (Je te donnerai la liberté sans aucun effort de ta part ) ,
- Mawoulawoè ( DIEU LE FERA ),
- Agbebada Gnowou Ekou ( LA VIE MISÉRABLE EST MIEUX QUE LA MORT),
- Manotognéviadi ko ( Je préfère me contenter du peu que j'ai ),
- Les politiciens sont des menteurs,
- Je vais manger un peu aussi, 
- Je suis apolitique...

Le candidat de la dynamique Kpodzro n'a pas une base de militants dans tous les quartiers, villes, régions et villages. Les autres membres de la dynamique Kpodzro n'ont pas une assise populaire et Mgr Kpodzro n'est plus actif dans l'église catholique car il est à la retraite. Il n'a pas reçu le soutien actif de ces collègues  évêques et prêtres qui sont en activité (d'où plane un doute énorme sur le vrai rôle des religieux et religions sur le plan politique en Afrique).

Toute la dynamique Kpodzro a fait la campagne autour d'une prophétie qui devrait être accomplie avec Agbeyome cette année. Résultat, la dynamique Kpodzro se trouve aujourd'hui dans une équation qu'elle n'a pas envisagé. Mais ses discours n'ont pas préparé la réaction automatique du camp de l'ANC et des autres partis politiques.

Aujourd'hui tous les togolais qui ont voté pour le changement et non contre un parti ni pour un leader de la liberté sont étonnés du spectacle des partis politiques  qui ont participé à l'élection du 22 février.

Pour le togolais, au nom de l'intérêt général, tous les autres partis politiques doivent aller supporter le candidat de la dynamique Kpodzro. Car en analysant leur discours et actes, le vote du 22 février c'était d'offrir une chance à Gnassingbé Faure de partir par la grande porte en sauvant le patronyme Gnassingbé. C'est aussi une manière de montrer la capacité du pardon du togolais à travers ce choix de la candidature de la dynamique Kpodzro.

Chaque jour qui passe depuis le 22 février, en réanalysant les critiques contre Fabre et ce qui se fait aujourd'hui par la dynamique Kpodzro il y a beaucoup de questions que tout observateur  réfléchit  se pose. 

Les critiques adressés à Fabre c'était juste pour se substituer à lui et à son parti politique et pour faire pire  ?

La situation sociopolitique d'aujourd'hui démontre  que ce n'est pas la faute d'un leader, ni un parti politique. Mais c'est plutôt la volonté farouche du clan Gnassingbé de conserver le pouvoir à tout prix par la fraude, la répression et la misère.

L'inaction de la jeunesse togolaise d'aujourd'hui qui devrait répondre à l'appel de la résistance de la dynamique Kpodzro s'explique par la mauvaise compréhension de la lutte non-violente. Et surtout beaucoup de leaders d'opinion croyant nuire à l'ANC et à Fabre ont utilisé les schémas de communication comme :
• Morts inutiles...
• Les jeunes sont arrêtés et emprisonnés inutilement...

Ces formes de communication ont simplement nourri les phrases de programmation neurolinguistique qui prédisposent l'esprit des togolais à la résignation, au laisser faire,  au fatalisme et à la simple recherche d'un bouc-émissaire parfait.

Hors aujourd'hui, la population togolaise est composée majoritairement des jeunes de 1985, 1990, 2000, 2005. Ils doivent représenter plus de 70% de la population togolaise.
Ces jeunes n'ont aucune conscience politique.
Ces jeunes par leur analphabétisme politique sont instrumentalisés par la propagande du système.
Le système se base sur certains faits des leaders de la liberté et produit un discours de forme inférieure pour empêcher ces jeunes de s'engager au côté des forces démocratiques et de les utiliser selon ses propres objectifs.

Beaucoup de leaders d'opinion et politique parlent et agissent comme si la conscience politique qui a donné les évènements de 1990 est toujours intacte.
Alors que de 1990 à aujourd'hui, le système s'est réapproprié des cadres sociaux qui donnent forme aux schémas mentaux des citoyens. Certains-ci les églises, les chefs traditionnels, les syndicats, les associations, les clubs sportifs, les artistes, les fonctionnaires, les écoles, l'université, les directeurs d'écoles, les proviseurs de lycée et les professeurs d'université, les groupes de jeunes, les médias, les journalistes, la famille  sont devenus des outils qui nourrissent les phrases de programmation neurolinguistiques cités en haut qui prône le désintéressement politique et l'acceptation sans résistance de la dictature Gnassingbé.

Car le système a compris une chose. Il ne peut plus forcer les togolais à l'aimer à travers l'animation populaire comme l'ère de Gnassingbé Eyadema. Mais il peut les lobotomiser  en les endoctrinant indirectement à travers les cadres sociaux de la socialisation.

Le discours des cadres sociaux d'aujourd'hui prive les combattants de la liberté de la masse agissante nécessaire au changement. Et les combattants de la liberté n'ont pas construit leur discours et démarche par rapport à l'enjeu actuel. 

Les 30ans de lutte pour doter le Togo des lois et structures humaines ont aujourd'hui donné des monstres sociaux. Des frères et sœurs victimes de l'oppression cinquantenaire sont  ceux qui par leurs actes et discours de tous les jours deviennent des outils de renforcement de la dictature Gnassingbé.

La démarche des combattants de la liberté n'a pas pris en compte les facteurs psychologiques, culturels, émotionnels. Ainsi pour eux,  en les écoutant et en observant leurs actions tout citoyen née au Togo doit normalement avoir une conscience politique pour s'indigner et se lever pour sa liberté.

Avec le temps, beaucoup vivent au Togo, non pas comme un citoyen appartenant à un territoire mais  un étranger en transit. Ce fait s'est illustré par la présence massive des jeunes au service du passeport enfin de pouvoir jouer à la loterie visa.
Les jeunes préfèrent  fuir le Togo que de mettre leur  énergie dans une lutte de libération. La logique étant, comment faire pour sortir sa seule tête du trou de la misère par n'importe quel moyen.

Devant ce schéma sombre de la  lutte de libération, beaucoup par  la méconnaissance de l'histoire des peuples en lutte vont se dire que rien n'est plus possible dans ce pays.
Leur conviction se trouve  renforcer par les fraudes massives lors des différentes élections et le spectacle des partis politiques et leurs leaders.

 Mais le constat majeur est que de 2005 à aujourd'hui, beaucoup de fausses thèses tombent  en désuète. Il s'agissait de :

1- Le problème du Togo, c'est le conflit entre deux familles. Une fois que Gnassingbé et OLYMPIO seront ensemble le Togo sera un paradis sur terre,

2- La personne de Fabre ne peut pas amener le système à laisser le pouvoir. Une personne venant de l'intérieur du système va plus rassurer les oppresseurs.

Tout est clair aujourd'hui. Quelque soit le leader de la liberté qui va être devant ou le porte flambeau de la lutte. Le dictateur amène directement ou indirectement à voir que c'est le leader en question qui est le problème. Et si c'est un autre, il serait favorable à l'alternance.

Aujourd'hui, les togolais doivent savoir qu'une dictature ne se désintègre pas par sa propre volonté. Ou un dictateur n'abandonne pas le pouvoir par faveur.
C'est toujours la pression farouche des opprimés qui pousse le dictateur à céder ou qui le  fait partir par force. Le dictateur pour se maintenir au pouvoir procède par la ruse et la force.

Et nous devons savoir aussi qu'une dictature qui dure ce n'est pas simplement à cause de sa barbarie et de manque de stratégies des premiers leaders de la liberté. C'est surtout grâce à une forme de culture et de psychologie qui amène les opprimés à obéir sans contraintes, à accepter, supporter  les injustices, les arbitraires sans réagir, dans l'indifférence totale.

Le dictateur amène l'opprimé à croire fermement que le changement est impossible. Si la libération doit venir, elle ne peut être que l'œuvre d'un dieu ou d'un étranger.

C'est pour ça que STEVE BIKO disait : « L'arme de l'oppresseur, c'est l'âme de l'opprimé. » . En écoutant et en observant les togolais dans nos rues, quartiers, églises, mosquées... nous nous  rendons compte que le système contrôle l'esprit de tout le monde.

Cette élection du 22 février à travers la fabrication des chiffres et les preuves des fraudes qui ont circulé sur les réseaux sociaux montrent qu'avec une bonne  planification en  tenant compte de toutes les phases du processus électoral, ce système peut tomber.
Nous devons laisser le discours fataliste qui consiste à dire : « L'élection n'est pas la solution au problème togolais. »

L'enjeu est, comment utilisé toutes les opportunités pour provoquer des actions partout et au même moment.

Nous devons produire des analyses qui vont déconstruire des discours de bouc-émissaire parfait et de l'auto-justification des leaders politiques et d'opinion sur les réseaux sociaux et médias.
Nous devons produire des discours alternatifs qui vont faire du citoyen acteur de sa propre libération.

La lutte d'aujourd'hui doit dépasser le statut de leader.
Devant une dictature féroce, il faut multiplier les têtes de lutte. Il faut un schéma de lutte de guérrilla avec une application parfaite des méthodes de la lutte non-violente.
Des discours programmés et des activités qui vont permettre l'émergence de cellules de résistance autonomes très mobile.

Par les discours alternatif et les activités nous allons pouvoir déconstruire les schémas mentaux du système qui ont pris racine dans  le psychisme des togolais. Et nous allons les remplacer par de nouvelles qui vont émanciper les mentalités de l'esclavage mental.

Travaillons plus à voir de la complémentarité dans nos différentes méthodes. Pour prouver qu'une telle méthode est inefficace, il faut d'abord travailler à mettre en place la méthode gagnante et commencer par l'appliquer. Nous devons maintenant montrer dans l'application de nos méthodes que l'autre a tord.

Nous devons abandonner cette mauvaise culture qui consiste à détruire d'abord la méthode existante par nos discours de diabolisation, de dénigrement avant de commencer par chercher la nouvelle qu'il faut appliquer et les personnes qui vont les exécuter.

Que les fruits de nos actions parlent à notre place maintenant.

Chaque lutte de libération a ses médias, journalistes, maison d'édition... Quand on parle dans un environnement dictatorial on ne vient pas démobiliser, désorganiser, démoraliser son camp. L'objectif est de libérer les opprimés des schémas mentaux qui les rendent résigner, fatalistes, indifférents. On travaille plutôt pour créer la confusion dans le rang des oppresseurs. Ce n'est pas une question du procès de leaders des partis politiques de la liberté.

Cette élection du 22 février 2020 et les autres années de lutte démocratique nous montrent simplement ce qu'il ne faut jamais faire et dire sur les médias dans un processus de lutte de libération.

Chaque combattant de la liberté doit se faire violence pour se discipliner dans ses discours et actes afin de dire et de faire toujours ce qui permettra à chaque citoyen de se lever automatiquement et de dire ça suffit maintenant.

Le système est déjà à terre. Il est encore présent à cause de nos propres discours qui inhibent l'esprit de créativité et d'audace en nous.

Dans une lutte de libération, les combattants de la liberté doivent savoir que leur arme c'est la communication. On ne parle pas  pour parler. On ne parle pas parce que l'autre camarade m'a énervé.
Chaque mot utilisé c'est pour obtenir un résultat. 

Cette élection du 22 février à faire sortir :

- La nécessité de la publication du résultat bureau de vote par bureau de vote, 
- Le besoin très indispensable d'authentifier les bulletins de vote le jour de l'élection.

Nous devons sérieusement travailler sur  ces deux éléments pour leur mise en application. 

Nous devons nous inspirer du terrorisme humaniste de Gandhi, l'apôtre de la non-violence.
Gandhi pour affronter la répression de l'administration coloniale en Inde lors de leur lutte de libération, il a retourné la prison contre l'oppresseur. Il a montré aux Indiens la nécessité de se faire arrêter massivement. Nous devons nous aussi au Togo, retourner la prison contre l'oppresseur et autres institutions, les unes après les autres.

Tout est possible maintenant. La victoire ne dépend que de nos communications et actions.

Nous sommes une génération de résultats. La victoire est nôtre, maintenant !!!

Fovi Katakou ( b-a-b-a , RAL )

Nature-Homme-Société