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30 septembre 2021

Mon Analyse sur les différentes coalitions pro-démocratie au Togo.

 

#Milawoe

#LeChangementCestMaintenant

 

L'AUTOPSIE DES COALITIONS OU REGROUPEMENTS PRO-DÉMOCRATIE AU TOGO. 

La lutte pour faire du #Togo un pays plus ou moins libre, prospère et démocratique est jalonnée par des coalitions ou regroupements conjoncturels pour une mutualisation des moyens, forces, ressources humaines pour avoir des structures et institutions qui vont permettre à tout togolais sans exception aucune de développer son potentiel humain.

Après plus de 31 ans de lutte des forces démocratiques, il est alors de notre devoir d'analyser les différentes coalitions et de voir là où il y a manque.

Nous distinguons sur le champ politique togolais des coalitions entre les partis politiques et les organisations syndicales, des organisations de droits de l'Homme ou les partis politiques eux-mêmes. Le constat est : « l’apparition d’un nouveau regroupement ou coalition suscite de l'espoir et provoque la mobilisation populaire. Mais l'euphorie devient rapidement une histoire de déceptions ». Ce phénomène, de nos jours, sans grande surprise, replonge tous les acteurs dans une vague de chasse aux sorcières, d’accusations arbitraires, de dénigrement, de diabolisation réciproques, d’insultes et ceci, jusqu'à la veille d'une nouvelle coalition.

Pour nous sortir de la reproduction de ces mêmes gestes ou modes de pensées, nous allons essayer de faire la chirurgie sociale de nos différents regroupements.

Les obstacles de la coalition entre : Partis politiques ; organisations de la société civile.


1- Partis politiques ;

Au Togo, beaucoup de partis politiques n'ont que de nom. Ils sont limités seulement au président fondateur ou au bureau exécutif. En analysant les actions des différents Hommes politiques de ces 31 ans de lutte, nous en déduisons qu’au sein de nos partis, la majeure préoccupation est le rêve ou l’ambition de parvenir au poste de secrétaire général, de représentant ou carrément de président du parti afin d’être sous les feux des projecteurs. Cette vision limitée et inappropriée à une lutte de libération, pousse bien sûr à un scandale de crise interne. Ces différentes formes de leadership que nous révèlent les Hommes politiques, nous constatons qu’elles prennent source au sein de la famille, l'église, l’école, l’administration, de groupes d'amis ou sportifs, ou même avec la technologie aujourd’hui, se trouve dans les groupes WhatsApp ....

Nous aimons critiquer les leaders pro-démocratie ; mais nous reproduisons le même schéma de leadership dans nos zones d'influence respective. Ceci nous amène sans retenu à réinterroger notre système éducatif, car à ce niveau, le mal n’est plus superficiel, mais profond. Si nous retrouvons le même schéma de leadership dans les différentes structures, institutions, regroupements sociaux et organisations de notre société, il s'agit alors d'un problème éducatif, culturel.

 

De notre point de vue, après études et analyses minutieuses sur le sujet, les facteurs éducatifs, culturels qui favorisent ce type de leadership que nous dénonçons sont les suivants :

L'éducation familiale actuelle met plus l'accent sur l'action de la réussite individuelle par tous les moyens au détriment du collectif.

La culture ou l'éducation familiale : Agbétor Bada (l’Homme est mauvais), Von na Agbétor (Craint l'Homme), Améhonlon Yéssana’amé (C'est l'ami qui va te trahir, pour son intérêt ou par jalousie).

 Le mal est profond, bien profond. Il n’y a pas mieux comme terme pour dénommer la gravité de la situation. Après la culture et l’éducation, s’en suit les séquelles du ravage de la colonisation et de l’héritage néo-colonialiste qui est l'imposition forcée du régime dictatorial du clan Gnassingbé par la France.

L'école qui devrait être un outil pour bâtir des hommes de nation est plutôt utilisée pour produire des “aidants exploitants”, créer la division en fonction du diplôme, statut social… Ainsi nous avons des termes de résonnance subliminale qui (permettez-moi le terme) abrutissent la population. En voici quelques-uns : Kopétor (villageois), N'koumékotor (le civilisé), Etamagnanoua Agbanté Yébéssona (l’illettré ou carrément, la tête qui n’est pas douée avec les études est condamnée aux basses besognes), ceux du Nord et du Sud, Egator (le riche) et Waménon (le pauvre).

La religion fut utilisée par les colons et leurs héritiers néocoloniaux pour accentuer plus de division et de confusion dans les esprits et âmes des togolais. Ainsi nous avons ceux qui sont des enfants de diables d'une part et d'autre part les enfants de Dieu. Ce qui a donc conduit à la psychologie de Azétor(sorcier), GbonGbonvon’è (Esprit mauvais). La psychologie religieuse amène les uns et les autres à trouver les causes de tous les maux de la société dans les esprits et des soit disant volontés de Dieu.

Revenons à présent aux situations internes des partis politiques. Ces derniers manquent sérieusement de base militante propre. Les responsables relèguent au second plan la question de recrutement des membres pour le parti.  Ils ne se préoccupent pas de partager leur vision de société et idéologie pour avoir l'adhésion populaire. Beaucoup de jeunes partis politiques ont un problème de militants. Ces partis, juste après leur création, ignorent le travail principal qui est de se faire connaître, recruter et former des nouveaux membres aux idéaux de l'organisation.

Les anciens partis politiques, de leur côté, ont aussi du mal à renouveler leurs membres et sont de plus en plus à difficulté à amener la jeune génération au sein de l’organisation. La génération qui milite déjà depuis 10, 15, 20 ans sans voir l’ombre de l’alternance politique et la liberté se voit remplie de désespoir, de découragement, de résignation. Ceci s’en suit souvent par les soucis de la vie qui ne leur permettent plus de consacrer assez du temps aux activités du parti.

L’adhésion de tout parti politique se fait volontairement, sans exigence de diplôme ou de quelconque niveau de compétence. Mais tout parti bien organiser et ambitieux doit pour son bien et celui de la lutte mettre ses membres à un même niveau de compétence relative à la cause. Nous constatons malheureusement un problème de remise à niveau des membres, ce qui devrait se faire à travers des formations sur les différentes méthodes de lutte, les enjeux du monde actuel et comment il faut s'y adapter. Il n'y a donc pas un travail réel pour la chasse des jeunes dynamiques pour apporter un plus aux partis.

Nous avons l'impression que nos partis agissent comme : « Tout togolais qui souffre doit s'engager ». D’aucuns semblent ne pas s'intéresser aux gens qui jouent à l'indifférence ou qui veulent collaborer avec le système, juste pour avoir le pain.

Le véritable travail pour donner conscience à l'exploitation, l'oppression que les gens vivent n'est pas faite. Ceux qui militent véritablement dans les partis politiques sont une minorité.

Au lieu que les différents partis politiques, travaillent à aller transformer les togolais non militants mais sympathisants pour le changement en leurs militants, Ils préfèrent se quereller sur la minorité de militants qui existent comme patrimoine familial.

Nous pensons que l'esprit de nos partis politiques est demeuré dans les années 1990 où il y a déjà une conscience politique et la plupart des organisations sociales qui encadrent la vie sont neutralisées ou récupérées par les forces démocratiques. Et là, l'enjeu était de se présenter comme la personne idéale à conduire le mouvement de contestation. Au lieu de s'affirmer par des actions et sa vision du monde, le jeu était de détruire l'autre et prendre sa place. Quand la lutte est entrée dans une phase d'endurance, beaucoup d'Hommes politiques anciens comme nouveaux pensent que pour s'affirmer aux togolais il suffit de venir insulter, diaboliser, inventer des histoires à base d'OB (on dit que…) sur l'autre en passant de média en média en négligeant le travail de contact avec la masse et le partage de sa vision de société.

L'idéologie politique de lutte au Togo est devenue : « Mon frère est un corrompu, un traître. Sans preuve la plupart du temps ». Un leader politique au Togo aujourd'hui ou un jeune qui aspire devenir un leader politique pense qu'il suffit simplement d'utiliser les “ OB ” sur ceux qui sont là avant lui, ou ses camarades pour être aimé et suivi par la population. 

 

2- Organisations de la société civile.

Les organisations de la société civile manquent de ressources humaines disponibles pour la conception, l'exécution et la décision d'application des différentes méthodes de lutte non-violente. Elles n'ont pas la culture des arrestations, assassinats et des actions de pression à longue durée ; ce qui fait qu'à la moindre résistance du régime face aux actions des forces démocratiques ; nous constatons la peur et la panique qui s'installe dans le rang de ces responsables et membres. Ils perdent le réflexe de la créativité, de l'imagination et qu'au lieu de retourner la violence, la répression du régime contre l'oppresseur lui-même Ils préfèrent plutôt trouver un bouc-émissaire dans leur propre coalition.

À force d'utiliser toute sa réflexion et énergie pour accuser les leaders pro-démocratie de leur incapacité à faire tomber le régime Gnassingbé ; on se révèle plus impuissant, incapable devant les actions de défiance politique. Comme au niveau des partis politiques, le système arrive toujours à corrompre certains membres des organisations de la société civile ou passe un message faux, de division à travers eux. Les jeunes refusent de s'engager et de militer dans les organisations de la société civile. Quand certains s'engagent, c’est dans l’espoir ou le but de trouver une quelconque rémunération. Ils n'ont pas la culture de sacrifice qu'ont les militants des partis politiques pro-démocratie.

Comme au niveau des partis politiques, il se pose aussi chez les organisations de la société civile, un problème crucial de formation à la psychologie de lutte non-violente.

Les militants comme les membres des organisations de la société civile ne lisent ni ne s'informent pas assez ou pas du tout sur les précédentes luttes des peuples que nous trouvons aujourd’hui, démocratiques et libres.

La volonté du système est de casser les mobilisations par la corruption et le lancement des rumeurs, des OB à travers sa machine de propagande formelle et informelle. Un système politique et surtout dictatorial qui dure ne tient pas uniquement son long règne de sa violence, mais surtout à des facteurs psychologiques émotionnels, culturels qui amènent l'opprimé à obéir sans contraintes. Il existe pour ce faire une forme de communication qui arrive à conditionner les hommes et les femmes à agir, penser et parler comme la dictature le veut.

Dans les démarches de lutte pour une société plus démocratique, en analysant le schéma de communication avant, pendant et après les différentes coalitions ; nous constatons l'ignorance, la sous-estimation des facteurs culturels, émotionnels et psychologiques qui légitiment, renforcent la dictature. Ainsi par des personnes intermédiaires, ou des rumeurs le régime nous fait dire des phrases qui en réalité ne font que créer la division, la confusion, le détournement d'attention. Les phrases ou mots souvent utilisés, qui légitiment le régime ou rendent résigner, fataliste sont :

• Mawoulawoè (Dieu le fera) ;

• Manor torgnéviadiko (je me contente du peu que j’ai) ;

• Agbébada gnonwou ékou (une vie misérable vaut mieux que la mort) ;

• Les politiciens sont des menteurs ;

• Je suis apolitique ;

• Des morts inutiles, arrêtés inutilement ;

• Les enfants des politiciens ;

• Les togolais ont trop donné ;

• Le problème du Togo c'est la France…

Ces mots ou phrases privent les partis politiques et organisations de la société civile d’hommes et femmes qui peuvent s'engager pour la lutte collective. Ils inhibent la réflexion et l'action chez les victimes de la mauvaise gestion. Ils encouragent le désengagement politique, le fatalisme et la collaboration avec l'oppresseur pour le “ pain et eau ”.

Sur les médias, les partis politiques manquent de jouer leur rôle de pédagogie pour armer mentalement, psychologiquement les citoyens à faire leur propre analyse et à se lever et agir pour leurs droits socio-économiques. Au lieu que les partis politiques amènent les citoyens à comprendre les causes de leurs maux et à pourvoir identifier eux-mêmes les structures, institutions et décisions qui les maintiennent dans la précarité et de partager avec ces derniers leur vision nouvelle dans l'éducation, la santé, le socio-culturel etc. Les débats politiques sont devenus les insultes et la fabrication d'histoires sur le camarade de lutte. Ce sont alors des discours sur la base des “ OB ” qui nourrissent la conscience politique des togolais.

Le résultat, nous avons produit nous-mêmes à travers nos propres discours, des citoyens indifférents à toute forme d'injustice, d'exploitation. Ils ne comprennent pas la cause de leurs malheurs. Et ils préfèrent l'attribuer à des dieux, Dieu et à une querelle entre le dictateur et les partis politiques pro-démocratie, à la France. Avec cette conception de la lutte de libération et vision des causes de nos maux, nous assistons aujourd'hui dans notre société à l'indifférence pathologique devant toute situation ou fait qui doit faire réagir l'humain qui est en nous. Au lieu d'avoir de l'indignation, nous avons plutôt des réactions de justification des actes, décisions de l'oppresseur et d'accusations de la victime. En même temps, nous sommes prompts à réagir quand il s'agit de voir qui sait plus insulter, dénigrer, diaboliser. Ou carrément, quand il s'agit de la diffusion des faits de division, de confusion, c'est là où on nous retrouve très actifs dans les commentaires. Le togolais actuel est devenu l'être qui accuse beaucoup, mais qui ne pose jamais un acte pour éviter dorénavant les problèmes à l’origine des accusations de se produire. Et de surcroît, ce sur quoi il accuse, quand l'occasion se présente à lui, il se montre pire, très incapable, impuissant. Nous avons ainsi par ignorance produit des monstres sociaux dont les discours et les actions nourrissent l'oppresseur indirectement. La communication politique des militants pro-démocratie n'ayant pas pris en compte le schéma de propagande de la dictature ; elle a contribué lourdement à l'infantilisation de la masse.

Avec la constitution de 1992, il n'y avait pas eu un véritable travail pour créer les espaces de débat pour permettre l'appropriation des valeurs démocratiques à tous les togolais sans exception aucune. La peur, la méfiance due à l'achat de conscience à cause des arrestations, des assassinats n'ont pas aidé les militants pro-démocratie à mettre l'accent sur le travail d'appropriation de la constitution par tous.

Nous avons des préjugés, des idées arrêtées sur les uns et les autres. L'absence de cadre pour faire des débats sur des sujets qui divisent afin de se comprendre et de voir au-delà des divergences ce que nous pouvons faire ensemble ou les éléments de complémentarité dans nos différentes méthodes de lutte. La peur d'être arrêtée, tuée paralyse les militants pro-démocratie, les citoyens. Elle inhibe l'audace et la prise d'auto-initiative. Les discours des acteurs pro-démocratie et la propagande de l'oppresseur ont fait naître chez le togolais d'aujourd'hui cette conception de la lutte : « le sentiment de lutter pour les partis politiques et ils les reviennent de s'investir plus ». Les débats sont axés sur des personnes et des partis politiques au lieu des idées. C'est ce qui renforce l'idée selon laquelle le problème au Togo c'est la querelle entre les partis politiques pro-démocratie ou leaders corrompus.

L'intolérance à des idées contradictoires et comment les aborder pour se renforcer mutuellement radicalisent les positions et détournent de l'objectif principal de la lutte qui est la fin de l'oppression au Togo et la construction d'une nouvelle société. Au niveau des citoyens, des militants comme des leaders, nous ne sommes pas endurants et nous n'avons la force qu'à mener une lutte pour un temps relativement très court. La lutte se fait sous le coup de tête sans une réflexion profonde. La sous-estimation de l'art dans la lutte de libération et de reconstruction.

La mauvaise exploitation des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux une arme de lutte, sont devenus au Togo un outil pour semer plus de division, de distraction, de divertissement. Il est important que les militants pro-démocratie s'approprient cet outil pour un véritable travail de libération mentale des schémas psychologiques qui conditionnent l'Homme à l'obéissance, au fatalisme, la résignation, à la collaboration pour le pain. 

 

APPROCHE DE SOLUTION POUR UNE COALITION DE VICTOIRE.

Nous devons produire des analyses qui vont déconstruire des discours de bouc-émissaire parfait et de l'autojustification des leaders politiques et d'opinion sur les réseaux sociaux et médias.

Nous devons produire des discours alternatifs qui vont faire du citoyen, un acteur de sa propre libération.

Devant une dictature féroce, il faut multiplier les têtes de lutte. Il faut un schéma de lutte de guérilla avec une application parfaite des méthodes de la lutte non-violente.

Des discours programmés et des activités qui vont permettre l'émergence de cellules de résistance autonomes très mobiles.

Par les discours alternatifs et des actions, nous allons pouvoir déconstruire les schémas mentaux du système qui ont pris racine dans le psychisme des togolais. Et nous allons les remplacer par de nouvelles qui vont émanciper les mentalités de l'esclavage mental.

Travaillons plus à voir de la complémentarité dans nos différentes méthodes. Pour prouver qu'une telle méthode est inefficace, il faut d'abord travailler à mettre en place la méthode gagnante et commencer par l'appliquer. Nous devons maintenant montrer dans l'application de nos méthodes que l'autre a tort.

Nous devons abandonner cette mauvaise culture qui consiste à détruire d'abord la méthode existante par nos discours de diabolisation, de dénigrement avant de commencer par chercher la nouvelle qu'il faut appliquer et les personnes qui vont les exécuter.

Que les fruits de nos actions parlent à notre place maintenant.

Nous devons instaurer un code de conduite entre nous les combattants de la liberté.

Nous sommes en guerre, et sur le champ de théâtre militaire, il n'y a que la communication de victoire. Et nous devons savoir nous faire comprendre qu'un fait prend de l'ampleur par le traitement qu'on lui donne et la manière dont le publie. Donc, notre manière de traiter un fait doit toujours s'inscrire dans le renforcement de la conscience politique de la masse et la création de la division et la confusion dans le rang de l'oppresseur.

Le corps humain est composé de plusieurs cellules, organes. Chaque cellule ou organe joue un rôle spécifique donné. Mais c’est un rôle qui contribue au bon fonctionnement du corps tout entier. Les leaders de la liberté doivent savoir qu’en face d’un système dictatorial, on se constitue en un corps social du combat pour la liberté.

Chaque leader avec ses militants et sympathisants doivent connaître le domaine de leur puissance et agir pour neutraliser le dictateur dans ce secteur. Cette action renforcera celle des autres leaders dans leurs secteurs respectifs.

Les leaders doivent accepter leurs différences. Et ils doivent les utiliser comme un atout pour neutraliser, déstructurer, désintégrer le clan Gnassingbé.

Dans une dictature ce n’est pas un jeu : « Je suis le leader ci, cela ». Mais c’est le résultat que le peuple attend de tout leader. Et le résultat c’est la fin de la dictature pour laisser place à un environnement socio-culturel, politico-économique démocratique.

Les leaders doivent savoir réellement ce qu’ils cherchent. La lutte pour l’instauration de la démocratie n’est pas un combat d’abord entre les combattants de la liberté. Cette manière de faire, sème la confusion chez le peuple et donne l’opportunité à la dictature de prospérer, de gagner encore du temps.

Les leaders doivent analyser chacun de leurs mots et formulations de phrases sur les médias et les réseaux sociaux.

 A qui profitent les mots et formulations de phrases ?

Redonnent-ils le courage au peuple, à la jeunesse à s’engager en comptant que sur eux-mêmes ?

Les mots et les formulations à travers les discours des leaders et militants pro-démocratie doivent amener chaque citoyen à se transcender pour se sacrifier pour la victoire maintenant.

Pour l’unité organique, les leaders pro-démocratie doivent redonner un nouveau dynamisme à leurs militants et sympathisants. Ils doivent les amener à s’auto-agir en tout moment quand une injustice se déroule dans leur secteur. Ils ne doivent plus attendre l’ordre d’un leader avant de s’indigner contre une injustice, l'arbitraire. Dans chaque parti politique, les militants et sympathisants travaillent dans plusieurs secteurs socio-professionnels. Ils doivent donc être outillés pour revendiquer leurs droits socio-économiques dans leurs secteurs respectifs sans attendre l’ordre du leader.

Les leaders doivent bannir chez leurs militants et sympathisants des attaques inutiles contre d’autres leaders. Ils doivent les aider à avoir un regard fixe sur l’objectif principal qu’est la fin de la dictature du clan Gnassingbé et la reconstruction du Togo nouveau.

Les militants pro-démocratie de la société civile doivent sortir leur lutte de simples dénonciations, accusations. S'ils doivent éviter ou ne pas s’arrêter uniquement sur les chansons de routine comme : « il faut, il doit, il n'a qu'à...».

Pour retourner les divisions et les confusions contre l'oppresseur, ils doivent devenir le “ community organising” selon SAUL ALINSKY.

Le togolais ne doit plus être conditionner à rechercher un libérateur, un messie ou un étranger libérateur. Mais ils doivent maintenant travailler avec la masse en transformant les frustrations en un mouvement de lutte.

Steve Biko disait : « L'arme de l'oppresseur, c'est l'âme de l'opprimé ». Le peuple nourrit et donne la force à la dictature, sans le savoir.

Le “ community organising” togolais doit mener une politique démocratique radicale et populaire qui vise l’autonomie et l’auto-organisation des dominés. L'objectif est de donner aux togolais de l'autonomie et du pouvoir. « L’action politique à l’égard des opprimés doit être, au fond, une « action culturelle » pour la liberté et donc une action avec eux. Leur dépendance émotionnelle, fruit de la situation de domination dans laquelle ils se trouvent, et qui leur donne aussi une vision fausse du monde, ne peut intéresser que l’oppresseur. C’est lui qui se sert de cette dépendance pour créer plus de dépendance.

L’action libératrice, au contraire, sachant que cette dépendance des opprimés est un point vulnérable, doit essayer à travers la réflexion et l’action, de la transformer en indépendance. Celle-ci, cependant, n’est pas une donation que des leaders, si bien intentionnés soient-ils, puissent accorder. Nous ne pouvons oublier que la libération des opprimés est une libération d’hommes et non de « choses ». Ce ne peut être ni une auto-libération– personne ne se libère seul – ni une libération de certains hommes réalisée par d’autres. […] Personne ne libère autrui, personne ne se libère seul, les hommes se libèrent ensemble. » Paolo Freire, Pédagogie des opprimés.

 

UN MODÈLE POUR AMENER LA LUTTE DANS TOUS LES QUARTIERS, VILLAGES

 

À L'ÉCOLE DE SAUL ALINSKY.

  

 

 

 

 

 

    Saul Alinsky commence par écouter et observer. Patiemment, il s’intègre à la vie du quartier, tisse des liens amicaux, identifie les rapports de force, cerne les principaux problèmes et des solutions possibles. Peu à peu, il suggère des rencontres entre habitants, encourage les uns et les autres à prendre la parole, à exprimer leur colère face aux propriétaires, aux autorités ou aux patrons locaux, puis à définir des revendications et imaginer des stratégies de victoire. 

 

    1- S’intégrer et observer.
Une fois choisi un quartier ou un secteur de la ville particulièrement sinistré, les organizers s’y installent à plein-temps, en se finançant par des petits boulots ou par du mécénat.

Dans un premier temps, leur tâche est de s’intégrer lentement à la vie du quartier, de fréquenter les lieux publics, d’engager des discussions, d’écouter, d’observer, de tisser des liens amicaux. Il s’agit de comprendre les principales oppressions vécues par la population, d’identifier leurs causes et d’imaginer des solutions. Les organizers doivent également repérer des appuis locaux possibles en se rapprochant des organisations et des personnes-clés du quartier : églises, clubs, syndics, responsables de communautés, etc. Par cet effort d’observation active, ils doivent en particulier déchiffrer les intérêts personnels des différents acteurs en présence. Cette notion d’intérêt personnel est récurrente dans la pensée stratégique de Saul Alinsky, pour qui l’intérêt constitue le principal moteur de l’action individuelle et collective, bien plus que les idéaux ou les utopies.

Pour favoriser l’émergence de luttes sociales, Rules for radicals conseille aux organizers de concentrer leurs efforts sur les questions de logement, de salaire, d’hygiène ou de reconnaissance sociale, et voir dans quelle mesure ces problèmes peuvent faire émerger des communautés d’intérêts à l’échelle du quartier. Dans la vision d’Alinsky, les réflexions globales sur la société de consommation, sur le capitalisme ou sur le socialisme naissent dans un second temps, lorsque les personnes ne sont plus piégées dans un quotidien de survie, lorsqu’elles ont atteint un meilleur niveau d’organisation et de sécurité matérielle.

 

    2- Faire émerger collectivement les problèmes.

Lorsque les organizers ont suffisamment intégré la vie du quartier et compris ses enjeux, leur tâche est de susciter, petit à petit, des cadres propices à la discussion collective. Cette démarche peut commencer très lentement : un échange improvisé entre quelques habitants dans une cage d’escalier, au détour du marché, dans un bar... Les organizers doivent saisir toutes les occasions de créer du lien entre les habitants, et les amplifier.

 Il s’agit de permettre aux exaspérations, aux colères et aux déceptions de s’exprimer collectivement, afin que les habitants réalisent combien, au-delà de leurs divergences, ils partagent des préoccupations, des problèmes et des oppresseurs communs. Tout au long de ce processus, s’ils sont interrogés, les organizers ne doivent pas cacher leurs intentions. Ils doivent se présenter tels qu’ils sont, avec sincérité, expliquer qu’ils souhaitent soutenir la population, qu’ils sont révoltés par les injustices et les oppressions subies dans le quartier, qu’ils ont des idées pour contribuer au changement. Dans l’idéal, les organizers ont tissé suffisamment de liens avec des organisations locales, des églises, des syndics ou des communautés, pour être soutenues voire recommandées par elles. Cette phase d’expression et d’indignation collective doit rapidement s’accompagner de perspectives d’action concrètes. Si celles-ci n’émergent pas directement de la population, les organizers peuvent faire des propositions. Par contre, ils ne doivent pas prendre des décisions à la place des habitants.

 

    3- Commencer par une victoire facile.

Dans l’idéal, la première action collective suggérée ou soutenue par les organizers doit être particulièrement facile, un combat gagné d’avance permettant de faire prendre conscience à la population de son pouvoir potentiel.

 Dans la pensée de Saul Alinsky, la recherche du pouvoir populaire est centrale : quand des personnes se sentent impuissantes, quand elles ne voient pas comment changer le cours des choses, elles ont tendance à se détourner des problèmes, à se replier sur elles-mêmes, à s’enfermer dans le fatalisme et l’indifférence. A l’inverse, quand des personnes ont du pouvoir, quand elles ont le sentiment qu’elles peuvent modifier leurs conditions de vie, elles commencent à s’intéresser aux changements possibles, à s’ouvrir au monde, à se projeter dans l’avenir.

« Le pouvoir d’abord, le programme ensuite ! » est l’une des devises récurrentes de Rules for radicals. Créer une première victoire collective, même minime comme l’installation d’un nouveau point de collecte des déchets ou l’amélioration d’une cage d’escalier, permet d’amorcer une passion du changement, une première bouffée d’oxygène dans des vies asphyxiées de résignation. Les organizers doivent par conséquent consacrer un maximum de soins aux premières petites victoires, ce sont celles qui conditionnent les suivantes. 

 

    4- Organiser et intensifier les luttes.

Une fois quelques victoires remportées, le but des organizers est d’encourager et d’accompagner la création de collectifs populaires permanents, afin d’élargir et d’intensifier les actions de lutte. La préparation des actions doit être particulièrement soignée et soutenue par les organizers. Les recettes d’une mobilisation réussie ?

Élaborer des revendications claires et crédibles ; imaginer des stratégies inattendues, ludiques, capables de mettre les rieurs du côté de la population ; savoir jouer avec les limites de la légalité, ne pas hésiter à tourner les lois en ridicule, mais toujours de manière non-violente afin de donner le moins de prise possible à la répression ; mettre en priorité la pression sur des cibles personnalisées, aisément identifiables et localisables, un patron plutôt qu’une firme, des responsables municipaux plutôt que la mairie, un propriétaire plutôt qu’une agence immobilière ; tenir un rythme soutenu, maintenir une émulation collective ; anticiper les réactions des autorités, prévoir notamment des compromis possibles ; et enfin, savoir célébrer les victoires par des fêtes de quartier mémorables ! 

 

    5- Se rendre inutile et partir.

La méthode proposée par Saul Alinsky, répétons-le, ne vise pas à prendre la tête des luttes d’un quartier, mais à les servir, à créer de l’autonomie et de la souveraineté populaire. En conséquence, les organizers doivent savoir s’effacer à temps, transmettre leurs compétences, se rendre progressivement inutiles, puis quitter le quartier afin de rejoindre d’autres aventures politiques…

 

 

Fovi Katakou (b-a-b-a, RAL)

 

Nature-Homme-Société