#Milawoe
#LeChangementCestMaintenant
L'AUTOPSIE DES COALITIONS
OU REGROUPEMENTS PRO-DÉMOCRATIE AU TOGO.
La lutte pour faire du
#Togo un pays plus ou moins libre, prospère et démocratique est jalonnée par
des coalitions ou regroupements conjoncturels pour une mutualisation des
moyens, forces, ressources humaines pour avoir des structures et institutions
qui vont permettre à tout togolais sans exception aucune de développer son
potentiel humain.
Après plus de 31 ans de
lutte des forces démocratiques, il est alors de notre devoir d'analyser les
différentes coalitions et de voir là où il y a manque.
Nous distinguons sur le
champ politique togolais des coalitions entre les partis politiques et les
organisations syndicales, des organisations de droits de l'Homme ou les partis
politiques eux-mêmes. Le constat est : «
l’apparition d’un nouveau regroupement ou coalition suscite de l'espoir et
provoque la mobilisation populaire. Mais l'euphorie devient rapidement une
histoire de déceptions ». Ce phénomène, de nos jours, sans grande surprise,
replonge tous les acteurs dans une vague de chasse aux sorcières, d’accusations
arbitraires, de dénigrement, de diabolisation réciproques, d’insultes et ceci, jusqu'à
la veille d'une nouvelle coalition.
Pour nous sortir de la
reproduction de ces mêmes gestes ou modes de pensées, nous allons essayer de
faire la chirurgie sociale de nos différents regroupements.
Les obstacles de la
coalition entre : Partis politiques ; organisations
de la société civile.
1- Partis
politiques ;
Au Togo, beaucoup de partis
politiques n'ont que de nom. Ils sont limités seulement au président fondateur
ou au bureau exécutif. En analysant les actions des différents Hommes
politiques de ces 31 ans de lutte, nous en déduisons qu’au sein de nos partis,
la majeure préoccupation est le rêve ou l’ambition de parvenir au poste de
secrétaire général, de représentant ou carrément de président du parti afin
d’être sous les feux des projecteurs. Cette vision limitée et inappropriée à
une lutte de libération, pousse bien sûr à un scandale de crise interne. Ces
différentes formes de leadership que nous révèlent les Hommes politiques, nous
constatons qu’elles prennent source au sein de la famille, l'église, l’école, l’administration,
de groupes d'amis ou sportifs, ou même avec la technologie aujourd’hui, se
trouve dans les groupes WhatsApp ....
Nous aimons critiquer les
leaders pro-démocratie ; mais nous reproduisons le même schéma de leadership
dans nos zones d'influence respective. Ceci nous amène sans retenu à réinterroger
notre système éducatif, car à ce niveau, le mal n’est plus superficiel, mais
profond. Si nous retrouvons le même schéma de leadership dans les différentes
structures, institutions, regroupements sociaux et organisations de notre
société, il s'agit alors d'un problème éducatif, culturel.
De notre point de vue,
après études et analyses minutieuses sur le sujet, les facteurs éducatifs,
culturels qui favorisent ce type de leadership que nous dénonçons sont les
suivants :
L'éducation familiale
actuelle met plus l'accent sur l'action de la réussite individuelle par tous
les moyens au détriment du collectif.
La culture ou l'éducation
familiale : Agbétor Bada (l’Homme est mauvais), Von na Agbétor (Craint l'Homme),
Améhonlon Yéssana’amé (C'est l'ami qui va te trahir, pour son intérêt ou par
jalousie).
Le mal est profond, bien profond. Il n’y a pas
mieux comme terme pour dénommer la gravité de la situation. Après la culture et
l’éducation, s’en suit les séquelles du ravage de la colonisation et de
l’héritage néo-colonialiste qui est l'imposition forcée du régime dictatorial
du clan Gnassingbé par la France.
L'école qui devrait être
un outil pour bâtir des hommes de nation est plutôt utilisée pour produire des
“aidants exploitants”, créer la division en fonction du diplôme, statut social…
Ainsi nous avons des termes de résonnance subliminale qui (permettez-moi le
terme) abrutissent la population. En voici quelques-uns : Kopétor (villageois),
N'koumékotor (le civilisé), Etamagnanoua Agbanté Yébéssona (l’illettré ou
carrément, la tête qui n’est pas douée avec les études est condamnée aux basses
besognes), ceux du Nord et du Sud, Egator (le riche) et Waménon (le pauvre).
La religion fut utilisée
par les colons et leurs héritiers néocoloniaux pour accentuer plus de division
et de confusion dans les esprits et âmes des togolais. Ainsi nous avons ceux
qui sont des enfants de diables d'une part et d'autre part les enfants de Dieu.
Ce qui a donc conduit à la psychologie de Azétor(sorcier), GbonGbonvon’è (Esprit
mauvais). La psychologie religieuse amène les uns et les autres à trouver les
causes de tous les maux de la société dans les esprits et des soit disant
volontés de Dieu.
Revenons à présent aux
situations internes des partis politiques. Ces derniers manquent sérieusement
de base militante propre. Les responsables relèguent au second plan la question
de recrutement des membres pour le parti.
Ils ne se préoccupent pas de partager leur vision de société et
idéologie pour avoir l'adhésion populaire. Beaucoup de jeunes partis politiques
ont un problème de militants. Ces partis, juste après leur création, ignorent le
travail principal qui est de se faire connaître, recruter et former des
nouveaux membres aux idéaux de l'organisation.
Les anciens partis
politiques, de leur côté, ont aussi du mal à renouveler leurs membres et sont
de plus en plus à difficulté à amener la jeune génération au sein de
l’organisation. La génération qui milite déjà depuis 10, 15, 20 ans sans voir
l’ombre de l’alternance politique et la liberté se voit remplie de désespoir,
de découragement, de résignation. Ceci s’en suit souvent par les soucis de la
vie qui ne leur permettent plus de consacrer assez du temps aux activités du
parti.
L’adhésion de tout parti
politique se fait volontairement, sans exigence de diplôme ou de quelconque
niveau de compétence. Mais tout parti bien organiser et ambitieux doit pour son
bien et celui de la lutte mettre ses membres à un même niveau de compétence
relative à la cause. Nous constatons malheureusement un problème de remise à
niveau des membres, ce qui devrait se faire à travers des formations sur les
différentes méthodes de lutte, les enjeux du monde actuel et comment il faut
s'y adapter. Il n'y a donc pas un travail réel pour la chasse des jeunes
dynamiques pour apporter un plus aux partis.
Nous avons l'impression
que nos partis agissent comme : « Tout togolais qui souffre doit s'engager ». D’aucuns
semblent ne pas s'intéresser aux gens qui jouent à l'indifférence ou qui veulent
collaborer avec le système, juste pour avoir le pain.
Le véritable travail pour
donner conscience à l'exploitation, l'oppression que les gens vivent n'est pas
faite. Ceux qui militent véritablement dans les partis politiques sont une
minorité.
Au lieu que les
différents partis politiques, travaillent à aller transformer les togolais non
militants mais sympathisants pour le changement en leurs militants, Ils
préfèrent se quereller sur la minorité de militants qui existent comme
patrimoine familial.
Nous pensons que l'esprit
de nos partis politiques est demeuré dans les années 1990 où il y a déjà une
conscience politique et la plupart des organisations sociales qui encadrent la
vie sont neutralisées ou récupérées par les forces démocratiques. Et là,
l'enjeu était de se présenter comme la personne idéale à conduire le mouvement
de contestation. Au lieu de s'affirmer par des actions et sa vision du monde,
le jeu était de détruire l'autre et prendre sa place. Quand la lutte est entrée
dans une phase d'endurance, beaucoup d'Hommes politiques anciens comme nouveaux
pensent que pour s'affirmer aux togolais il suffit de venir insulter,
diaboliser, inventer des histoires à base d'OB (on dit que…) sur l'autre en passant
de média en média en négligeant le travail de contact avec la masse et le
partage de sa vision de société.
L'idéologie politique de
lutte au Togo est devenue : « Mon frère est un corrompu, un traître. Sans
preuve la plupart du temps ». Un leader politique au Togo aujourd'hui ou un
jeune qui aspire devenir un leader politique pense qu'il suffit simplement
d'utiliser les “ OB ” sur ceux qui sont là avant lui, ou ses camarades pour
être aimé et suivi par la population.
2- Organisations
de la société civile.
Les organisations de la
société civile manquent de ressources humaines disponibles pour la conception,
l'exécution et la décision d'application des différentes méthodes de lutte non-violente.
Elles n'ont pas la culture des arrestations, assassinats et des actions de
pression à longue durée ; ce qui fait qu'à la moindre résistance du régime face
aux actions des forces démocratiques ; nous constatons la peur et la panique qui
s'installe dans le rang de ces responsables et membres. Ils perdent le réflexe
de la créativité, de l'imagination et qu'au lieu de retourner la violence, la
répression du régime contre l'oppresseur lui-même Ils préfèrent plutôt trouver
un bouc-émissaire dans leur propre coalition.
À force d'utiliser toute
sa réflexion et énergie pour accuser les leaders pro-démocratie de leur
incapacité à faire tomber le régime Gnassingbé ; on se révèle plus impuissant,
incapable devant les actions de défiance politique. Comme au niveau des partis
politiques, le système arrive toujours à corrompre certains membres des
organisations de la société civile ou passe un message faux, de division à
travers eux. Les jeunes refusent de s'engager et de militer dans les organisations
de la société civile. Quand certains s'engagent, c’est dans l’espoir ou le but
de trouver une quelconque rémunération. Ils n'ont pas la culture de sacrifice
qu'ont les militants des partis politiques pro-démocratie.
Comme au niveau des
partis politiques, il se pose aussi chez les organisations de la société civile,
un problème crucial de formation à la psychologie de lutte non-violente.
Les militants comme les
membres des organisations de la société civile ne lisent ni ne s'informent pas
assez ou pas du tout sur les précédentes luttes des peuples que nous trouvons
aujourd’hui, démocratiques et libres.
La volonté du système est
de casser les mobilisations par la corruption et le lancement des rumeurs, des
OB à travers sa machine de propagande formelle et informelle. Un système
politique et surtout dictatorial qui dure ne tient pas uniquement son long
règne de sa violence, mais surtout à des facteurs psychologiques émotionnels,
culturels qui amènent l'opprimé à obéir sans contraintes. Il existe pour ce
faire une forme de communication qui arrive à conditionner les hommes et les
femmes à agir, penser et parler comme la dictature le veut.
Dans les démarches de
lutte pour une société plus démocratique, en analysant le schéma de
communication avant, pendant et après les différentes coalitions ; nous
constatons l'ignorance, la sous-estimation des facteurs culturels, émotionnels
et psychologiques qui légitiment, renforcent la dictature. Ainsi par des
personnes intermédiaires, ou des rumeurs le régime nous fait dire des phrases
qui en réalité ne font que créer la division, la confusion, le détournement
d'attention. Les phrases ou mots
souvent utilisés, qui légitiment le régime ou rendent résigner, fataliste sont
:
• Mawoulawoè (Dieu le
fera) ;
• Manor torgnéviadiko (je
me contente du peu que j’ai) ;
• Agbébada gnonwou ékou (une
vie misérable vaut mieux que la mort) ;
• Les politiciens sont
des menteurs ;
• Je suis
apolitique ;
• Des morts inutiles,
arrêtés inutilement ;
• Les enfants des
politiciens ;
• Les togolais ont trop
donné ;
• Le problème du Togo
c'est la France…
Ces mots ou phrases
privent les partis politiques et organisations de la société civile d’hommes et
femmes qui peuvent s'engager pour la lutte collective. Ils inhibent la
réflexion et l'action chez les victimes de la mauvaise gestion. Ils encouragent
le désengagement politique, le fatalisme et la collaboration avec l'oppresseur
pour le “ pain et eau ”.
Sur les médias, les
partis politiques manquent de jouer leur rôle de pédagogie pour armer
mentalement, psychologiquement les citoyens à faire leur propre analyse et à se
lever et agir pour leurs droits socio-économiques. Au lieu que les partis
politiques amènent les citoyens à comprendre les causes de leurs maux et à
pourvoir identifier eux-mêmes les structures, institutions et décisions qui les
maintiennent dans la précarité et de partager avec ces derniers leur vision
nouvelle dans l'éducation, la santé, le socio-culturel etc. Les débats
politiques sont devenus les insultes et la fabrication d'histoires sur le
camarade de lutte. Ce sont alors des discours sur la base des “ OB ” qui
nourrissent la conscience politique des togolais.
Le résultat, nous avons
produit nous-mêmes à travers nos propres discours, des citoyens indifférents à
toute forme d'injustice, d'exploitation. Ils ne comprennent pas la cause de
leurs malheurs. Et ils préfèrent l'attribuer à des dieux, Dieu et à une
querelle entre le dictateur et les partis politiques pro-démocratie, à la
France. Avec cette conception de la lutte de libération et vision des causes de
nos maux, nous assistons aujourd'hui dans notre société à l'indifférence
pathologique devant toute situation ou fait qui doit faire réagir l'humain qui
est en nous. Au lieu d'avoir de l'indignation, nous avons plutôt des réactions
de justification des actes, décisions de l'oppresseur et d'accusations de la
victime. En même temps, nous sommes prompts à réagir quand il s'agit de voir
qui sait plus insulter, dénigrer, diaboliser. Ou carrément, quand il s'agit de
la diffusion des faits de division, de confusion, c'est là où on nous retrouve
très actifs dans les commentaires. Le togolais actuel est devenu l'être qui
accuse beaucoup, mais qui ne pose jamais un acte pour éviter dorénavant les
problèmes à l’origine des accusations de se produire. Et de surcroît, ce sur
quoi il accuse, quand l'occasion se présente à lui, il se montre pire, très
incapable, impuissant. Nous avons ainsi par ignorance produit des monstres
sociaux dont les discours et les actions nourrissent l'oppresseur
indirectement. La communication politique des militants pro-démocratie n'ayant
pas pris en compte le schéma de propagande de la dictature ; elle a contribué
lourdement à l'infantilisation de la masse.
Avec la constitution de
1992, il n'y avait pas eu un véritable travail pour créer les espaces de débat
pour permettre l'appropriation des valeurs démocratiques à tous les togolais
sans exception aucune. La peur, la méfiance due à l'achat de conscience à cause
des arrestations, des assassinats n'ont pas aidé les militants pro-démocratie à
mettre l'accent sur le travail d'appropriation de la constitution par tous.
Nous avons des préjugés,
des idées arrêtées sur les uns et les autres. L'absence de cadre pour faire des
débats sur des sujets qui divisent afin de se comprendre et de voir au-delà des
divergences ce que nous pouvons faire ensemble ou les éléments de
complémentarité dans nos différentes méthodes de lutte. La peur d'être arrêtée,
tuée paralyse les militants pro-démocratie, les citoyens. Elle inhibe l'audace
et la prise d'auto-initiative. Les discours des acteurs pro-démocratie et la
propagande de l'oppresseur ont fait naître chez le togolais d'aujourd'hui cette
conception de la lutte : « le sentiment de lutter pour les partis politiques et
ils les reviennent de s'investir plus ». Les débats sont axés sur des personnes
et des partis politiques au lieu des idées. C'est ce qui renforce l'idée selon
laquelle le problème au Togo c'est la querelle entre les partis politiques pro-démocratie
ou leaders corrompus.
L'intolérance à des idées
contradictoires et comment les aborder pour se renforcer mutuellement
radicalisent les positions et détournent de l'objectif principal de la lutte
qui est la fin de l'oppression au Togo et la construction d'une nouvelle
société. Au niveau des citoyens, des militants comme des leaders, nous ne
sommes pas endurants et nous n'avons la force qu'à mener une lutte pour un temps
relativement très court. La lutte se fait sous le coup de tête sans une
réflexion profonde. La sous-estimation de l'art dans la lutte de libération et
de reconstruction.
La mauvaise exploitation
des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux une
arme de lutte, sont devenus au Togo un outil pour semer plus de division, de
distraction, de divertissement. Il est important que les militants
pro-démocratie s'approprient cet outil pour un véritable travail de libération
mentale des schémas psychologiques qui conditionnent l'Homme à l'obéissance, au
fatalisme, la résignation, à la collaboration pour le pain.
APPROCHE DE SOLUTION POUR
UNE COALITION DE VICTOIRE.
Nous devons produire des
analyses qui vont déconstruire des discours de bouc-émissaire parfait et de l'autojustification
des leaders politiques et d'opinion sur les réseaux sociaux et médias.
Nous devons produire des
discours alternatifs qui vont faire du citoyen, un acteur de sa propre
libération.
Devant une dictature
féroce, il faut multiplier les têtes de lutte. Il faut un schéma de lutte de
guérilla avec une application parfaite des méthodes de la lutte non-violente.
Des discours programmés
et des activités qui vont permettre l'émergence de cellules de résistance
autonomes très mobiles.
Par les discours
alternatifs et des actions, nous allons pouvoir déconstruire les schémas
mentaux du système qui ont pris racine dans le psychisme des togolais. Et nous
allons les remplacer par de nouvelles qui vont émanciper les mentalités de
l'esclavage mental.
Travaillons plus à voir
de la complémentarité dans nos différentes méthodes. Pour prouver qu'une telle
méthode est inefficace, il faut d'abord travailler à mettre en place la méthode
gagnante et commencer par l'appliquer. Nous devons maintenant montrer dans
l'application de nos méthodes que l'autre a tort.
Nous devons abandonner
cette mauvaise culture qui consiste à détruire d'abord la méthode existante par
nos discours de diabolisation, de dénigrement avant de commencer par chercher
la nouvelle qu'il faut appliquer et les personnes qui vont les exécuter.
Que les fruits de nos
actions parlent à notre place maintenant.
Nous devons instaurer un
code de conduite entre nous les combattants de la liberté.
Nous sommes en guerre, et
sur le champ de théâtre militaire, il n'y a que la communication de victoire.
Et nous devons savoir nous faire comprendre qu'un fait prend de l'ampleur par
le traitement qu'on lui donne et la manière dont le publie. Donc, notre manière
de traiter un fait doit toujours s'inscrire dans le renforcement de la
conscience politique de la masse et la création de la division et la confusion
dans le rang de l'oppresseur.
Le corps humain est
composé de plusieurs cellules, organes. Chaque cellule ou organe joue un rôle
spécifique donné. Mais c’est un rôle qui contribue au bon fonctionnement du
corps tout entier. Les leaders de la liberté doivent savoir qu’en face d’un
système dictatorial, on se constitue en un corps social du combat pour la
liberté.
Chaque leader avec ses
militants et sympathisants doivent connaître le domaine de leur puissance et
agir pour neutraliser le dictateur dans ce secteur. Cette action renforcera
celle des autres leaders dans leurs secteurs respectifs.
Les leaders doivent accepter
leurs différences. Et ils doivent les utiliser comme un atout pour neutraliser,
déstructurer, désintégrer le clan Gnassingbé.
Dans une dictature ce
n’est pas un jeu : « Je suis le leader ci, cela ». Mais c’est le résultat que le
peuple attend de tout leader. Et le résultat c’est la fin de la dictature pour
laisser place à un environnement socio-culturel, politico-économique démocratique.
Les leaders doivent
savoir réellement ce qu’ils cherchent. La lutte pour l’instauration de la
démocratie n’est pas un combat d’abord entre les combattants de la liberté.
Cette manière de faire, sème la confusion chez le peuple et donne l’opportunité
à la dictature de prospérer, de gagner encore du temps.
Les leaders doivent
analyser chacun de leurs mots et formulations de phrases sur les médias et les
réseaux sociaux.
A qui profitent les mots et formulations de
phrases ?
Redonnent-ils le courage
au peuple, à la jeunesse à s’engager en comptant que sur eux-mêmes ?
Les mots et les
formulations à travers les discours des leaders et militants pro-démocratie doivent
amener chaque citoyen à se transcender pour se sacrifier pour la victoire
maintenant.
Pour l’unité organique,
les leaders pro-démocratie doivent redonner un nouveau dynamisme à leurs
militants et sympathisants. Ils doivent les amener à s’auto-agir en tout moment
quand une injustice se déroule dans leur secteur. Ils ne doivent plus attendre
l’ordre d’un leader avant de s’indigner contre une injustice, l'arbitraire.
Dans chaque parti politique, les militants et sympathisants travaillent dans
plusieurs secteurs socio-professionnels. Ils doivent donc être outillés pour
revendiquer leurs droits socio-économiques dans leurs secteurs respectifs sans
attendre l’ordre du leader.
Les leaders doivent
bannir chez leurs militants et sympathisants des attaques inutiles contre
d’autres leaders. Ils doivent les aider à avoir un regard fixe sur l’objectif
principal qu’est la fin de la dictature du clan Gnassingbé et la reconstruction
du Togo nouveau.
Les militants
pro-démocratie de la société civile doivent sortir leur lutte de simples
dénonciations, accusations. S'ils doivent éviter ou ne pas s’arrêter uniquement
sur les chansons de routine comme : « il faut, il doit, il n'a qu'à...».
Pour retourner les
divisions et les confusions contre l'oppresseur, ils doivent devenir le “
community organising” selon SAUL ALINSKY.
Le togolais ne doit plus être
conditionner à rechercher un libérateur, un messie ou un étranger libérateur.
Mais ils doivent maintenant travailler avec la masse en transformant les
frustrations en un mouvement de lutte.
Steve Biko disait : «
L'arme de l'oppresseur, c'est l'âme de l'opprimé ». Le peuple nourrit et donne
la force à la dictature, sans le savoir.
Le “ community
organising” togolais doit mener une politique démocratique radicale et
populaire qui vise l’autonomie et l’auto-organisation des dominés. L'objectif
est de donner aux togolais de l'autonomie et du pouvoir. « L’action politique à
l’égard des opprimés doit être, au fond, une « action culturelle » pour la
liberté et donc une action avec eux. Leur dépendance émotionnelle, fruit de la
situation de domination dans laquelle ils se trouvent, et qui leur donne aussi une
vision fausse du monde, ne peut intéresser que l’oppresseur. C’est lui qui se
sert de cette dépendance pour créer plus de dépendance.
L’action libératrice, au
contraire, sachant que cette dépendance des opprimés est un point vulnérable,
doit essayer à travers la réflexion et l’action, de la transformer en
indépendance. Celle-ci, cependant, n’est pas une donation que des leaders, si
bien intentionnés soient-ils, puissent accorder. Nous ne pouvons oublier que la
libération des opprimés est une libération d’hommes et non de « choses ». Ce ne
peut être ni une auto-libération– personne ne se libère seul – ni une
libération de certains hommes réalisée par d’autres. […] Personne ne libère
autrui, personne ne se libère seul, les hommes se libèrent ensemble. » Paolo
Freire, Pédagogie des opprimés.
UN MODÈLE POUR AMENER LA
LUTTE DANS TOUS LES QUARTIERS, VILLAGES
À L'ÉCOLE DE SAUL
ALINSKY.
Saul Alinsky commence par
écouter et observer. Patiemment, il s’intègre à la vie du quartier, tisse des
liens amicaux, identifie les rapports de force, cerne les principaux problèmes
et des solutions possibles. Peu à peu, il suggère des rencontres entre
habitants, encourage les uns et les autres à prendre la parole, à exprimer leur
colère face aux propriétaires, aux autorités ou aux patrons locaux, puis à
définir des revendications et imaginer des stratégies de victoire.
1- S’intégrer et observer.
Une fois choisi un quartier ou un secteur de la ville particulièrement
sinistré, les organizers s’y installent à plein-temps, en se finançant par des
petits boulots ou par du mécénat.
Dans un premier temps,
leur tâche est de s’intégrer lentement à la vie du quartier, de fréquenter les
lieux publics, d’engager des discussions, d’écouter, d’observer, de tisser des
liens amicaux. Il s’agit de comprendre les principales oppressions vécues par
la population, d’identifier leurs causes et d’imaginer des solutions. Les
organizers doivent également repérer des appuis locaux possibles en se
rapprochant des organisations et des personnes-clés du quartier : églises, clubs,
syndics, responsables de communautés, etc. Par cet effort d’observation active,
ils doivent en particulier déchiffrer les intérêts personnels des différents
acteurs en présence. Cette notion d’intérêt personnel est récurrente dans la
pensée stratégique de Saul Alinsky, pour qui l’intérêt constitue le principal
moteur de l’action individuelle et collective, bien plus que les idéaux ou les
utopies.
Pour favoriser
l’émergence de luttes sociales, Rules for radicals conseille aux organizers de
concentrer leurs efforts sur les questions de logement, de salaire, d’hygiène
ou de reconnaissance sociale, et voir dans quelle mesure ces problèmes peuvent
faire émerger des communautés d’intérêts à l’échelle du quartier. Dans la
vision d’Alinsky, les réflexions globales sur la société de consommation, sur
le capitalisme ou sur le socialisme naissent dans un second temps, lorsque les
personnes ne sont plus piégées dans un quotidien de survie, lorsqu’elles ont
atteint un meilleur niveau d’organisation et de sécurité matérielle.
2- Faire émerger
collectivement les problèmes.
Lorsque les organizers
ont suffisamment intégré la vie du quartier et compris ses enjeux, leur tâche
est de susciter, petit à petit, des cadres propices à la discussion collective.
Cette démarche peut commencer très lentement : un échange improvisé entre
quelques habitants dans une cage d’escalier, au détour du marché, dans un
bar... Les organizers doivent saisir toutes les occasions de créer du lien
entre les habitants, et les amplifier.
Il s’agit de permettre aux exaspérations, aux
colères et aux déceptions de s’exprimer collectivement, afin que les habitants
réalisent combien, au-delà de leurs divergences, ils partagent des
préoccupations, des problèmes et des oppresseurs communs. Tout au long de ce
processus, s’ils sont interrogés, les organizers ne doivent pas cacher leurs
intentions. Ils doivent se présenter tels qu’ils sont, avec sincérité,
expliquer qu’ils souhaitent soutenir la population, qu’ils sont révoltés par
les injustices et les oppressions subies dans le quartier, qu’ils ont des idées
pour contribuer au changement. Dans l’idéal, les organizers ont tissé
suffisamment de liens avec des organisations locales, des églises, des syndics
ou des communautés, pour être soutenues voire recommandées par elles. Cette
phase d’expression et d’indignation collective doit rapidement s’accompagner de
perspectives d’action concrètes. Si celles-ci n’émergent pas directement de la
population, les organizers peuvent faire des propositions. Par contre, ils ne
doivent pas prendre des décisions à la place des habitants.
3- Commencer par une
victoire facile.
Dans l’idéal, la première
action collective suggérée ou soutenue par les organizers doit être
particulièrement facile, un combat gagné d’avance permettant de faire prendre
conscience à la population de son pouvoir potentiel.
Dans la pensée de Saul Alinsky, la recherche
du pouvoir populaire est centrale : quand des personnes se sentent
impuissantes, quand elles ne voient pas comment changer le cours des choses,
elles ont tendance à se détourner des problèmes, à se replier sur elles-mêmes,
à s’enfermer dans le fatalisme et l’indifférence. A l’inverse, quand des
personnes ont du pouvoir, quand elles ont le sentiment qu’elles peuvent
modifier leurs conditions de vie, elles commencent à s’intéresser aux
changements possibles, à s’ouvrir au monde, à se projeter dans l’avenir.
« Le pouvoir d’abord, le
programme ensuite ! » est l’une des devises récurrentes de Rules for radicals.
Créer une première victoire collective, même minime comme l’installation d’un
nouveau point de collecte des déchets ou l’amélioration d’une cage d’escalier,
permet d’amorcer une passion du changement, une première bouffée d’oxygène dans
des vies asphyxiées de résignation. Les organizers doivent par conséquent
consacrer un maximum de soins aux premières petites victoires, ce sont celles
qui conditionnent les suivantes.
4- Organiser et
intensifier les luttes.
Une fois quelques
victoires remportées, le but des organizers est d’encourager et d’accompagner
la création de collectifs populaires permanents, afin d’élargir et
d’intensifier les actions de lutte. La préparation des actions doit être
particulièrement soignée et soutenue par les organizers. Les recettes d’une
mobilisation réussie ?
Élaborer des
revendications claires et crédibles ; imaginer des stratégies inattendues,
ludiques, capables de mettre les rieurs du côté de la population ; savoir jouer
avec les limites de la légalité, ne pas hésiter à tourner les lois en ridicule,
mais toujours de manière non-violente afin de donner le moins de prise possible
à la répression ; mettre en priorité la pression sur des cibles personnalisées,
aisément identifiables et localisables, un patron plutôt qu’une firme, des
responsables municipaux plutôt que la mairie, un propriétaire plutôt qu’une
agence immobilière ; tenir un rythme soutenu, maintenir une émulation
collective ; anticiper les réactions des autorités, prévoir notamment des
compromis possibles ; et enfin, savoir célébrer les victoires par des fêtes de
quartier mémorables !
5- Se rendre inutile et partir.
La méthode proposée par
Saul Alinsky, répétons-le, ne vise pas à prendre la tête des luttes d’un
quartier, mais à les servir, à créer de l’autonomie et de la souveraineté
populaire. En conséquence, les organizers doivent savoir s’effacer à temps, transmettre
leurs compétences, se rendre progressivement inutiles, puis quitter le quartier
afin de rejoindre d’autres aventures politiques…
Fovi
Katakou (b-a-b-a, RAL)
Nature-Homme-Société